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Roubaix. Les « trucs et astuces » d’Andrée, championne du zéro déchet

Un Second article de Actu.fr après le précédent (07/07/2019).

Depuis quelques années, Andrée a son propre système de lombricomposteur sur la terrasse de son balcon, en plus d’un jardin dans lequel elle cultive ses fruits et légumes, à Roubaix (Nord).

Depuis quelques années, Andrée a son propre système de lombricomposteur sur la terrasse de son balcon, en plus d’un jardin dans lequel elle cultive ses fruits et légumes, à Roubaix (Nord). (©Amandine Vachez/Lille Actu)

Visite chez Andrée, habitante de Roubaix (Nord) adepte du zéro déchet. Avec son mari, ils ont participé au défi des familles zéro déchet de la Ville. Un test qui a changé leur vie.

Publié le 2 Juil 19 à 20:24

Andrée Nieuwjaer est une figure connue de Roubaix (Nord). Elle est une véritable ambassadrice du zéro déchet. Rencontre avec cette spécialiste de la récup’, qui a participé au défi des 100 familles zéro déchet, lancé par la Ville en 2015.

Andrée congèle beaucoup, et fait de nombreux potages et autres préparations pour valoriser au mieux les aliments.

Andrée congèle beaucoup, et fait de nombreux potages et autres préparations pour valoriser au mieux les aliments. (©Amandine Vachez/Lille Actu)

Écolo « par hasard »

C’est avec bonne humeur et beaucoup d’énergie qu’Andrée a accueilli Lille Actu chez elle, un matin ensoleillé de juin. Elle nous a présenté son mari, Guy, avant de nous raconter leur histoire : celle qui les a conduit « par hasard » vers le zéro déchet.

J’ai trouvé un tract dans ma boite à lettres, qui parlait du défi familles zéro déchet.

A l’époque, pour le couple, les jours sont difficiles. Andrée, qui travaillait dans le textile, a perdu son emploi 20 ans plus tôt. Depuis, elle trouve par-ci par-là des ménages (à mi-temps, alternant parfois entre cinq entreprises différentes). Guy, qui était dans la métallurgie, s’est aussi retrouvé au chômage. Parents de quatre enfants, ils ont pendant des années du mal à joindre les deux bouts. Andrée se souvient encore avec émotion du jour où elle a, pour la première fois, poussé la porte des Restos du cœur.

« Cela faisait des mois que l’on n’arrivait plus à payer le loyer. Nos dettes s’accumulaient. Quand vous êtes dans la galère, parfois, vous devez choisir entre payer le loyer et manger. […] Vous n’êtes plus que l’ombre de vous-même », se rappelle-t-elle. Après le récit de plusieurs péripéties, elle en revient au jour de la réunion, annoncé par le tract dans sa boite à lettres :

A la base, on est allés à cette réunion pour sortir de la maison, se changer les idées. Et puis, sortie de là, j’ai dit à Guy, on s’inscrit ! […] On a décidé de le faire. On a vraiment joué le jeu, même si ce n’était pas facile.

La spécialiste du zéro déchet apprécie de faire goûter ses recettes, ici à Rossano Ercolini, Prix Goldman pour l'Environnement, en visite chez Andrée.

La spécialiste du zéro déchet apprécie de faire goûter ses recettes, ici à Rossano Ercolini, Prix Goldman pour l’Environnement, en visite chez Andrée. (©Amandine Vachez/Lille Actu)

Des débuts à tâtons

En parlant de son cheminement vers le zéro déchet, Andrée évoque un parcours semé d’embûches. Elle parle de la première année, difficile, pendant laquelle il a fallu repenser toutes ses habitudes.

Je me suis trompée, un peu, mais je me disais que ce n’était pas grave. Nous avons suivi des ateliers pour nous aider, et maintenant je crée mes propres recettes ! », lance-t-elle, fièrement.

Quand elle voit que ses efforts permettent peu à peu d’économiser de l’argent, elle continue, et apprécie peu à peu d’avoir de moins en moins de déchets.

J’ai pris une claque ! Et je me suis dit ouvre ta porte, regarde dehors, il y a des choses à faire. Aujourd’hui, je suis contente d’avoir participé à ce défi, je suis fière !

Repenser sa façon de consommer

Concrètement, comment Andrée est-elle passée au zéro déchet ? En y allant pas à pas, en testant des choses et en faisant appel à son imagination.

Déjà, c’est simple, niveau produits d’entretien, je ne m’achète plus rien. Je fais mes propres recettes, avec des ingrédients achetés en vrac.

La lessive, le produit pour laver les surfaces et même l’essuie-tout sont confectionnés par ses soins. « J’ai récupéré mes vieilles serviettes de bain, et les ai accrochées avec des boutonnières. Je les utilise, les lave et les enroule de nouveau autour de mon rouleau », détaille-t-elle. Brosse à dent en bambou, savons solides pour se laver les mains, le corps et les cheveux … Tout a été repensé pour consommer différemment.

Je réfléchis toujours à comment aller plus loin. C’est devenu un jeu pour moi. Mon mari me demande souvent si je dors encore la nuit ! » s’amuse Andrée.

Et Guy se plait d’ailleurs à dire : « c’est ma femme, qui est écolo. Moi, je suis le mouvement ».

Dans sa cuisine, où les pots de verre contiennent ses produits achetés en vrac – à l’épicerie vrac Un grain dans le bocal, rue de Fourmies à Roubaix – et ses légumes, Andrée pousse la démarche jusqu’à garder les épluchures de pommes de terre pour faire des potages ou les queues de fraise pour faire un coulis.

Elle exploite une parcelle de jardin mise de la Ville de Roubaix – « je n’en laisse pas un mètre carré ! », et pourrait d’ailleurs nourrir plusieurs foyers avec ses fruits et légumes.

Depuis trois ans, j’ai un potager et ne mange que mes fruits et légumes. C’est tellement agréable !

Lire aussi : Zéro déchet : 8 lieux incontournables à Lille

En six mois de temps, la poubelle d’Andrée et Guy est tenue dans ce sac.

En six mois de temps, la poubelle d’Andrée et Guy est tenue dans ce sac. (©Amandine Vachez/Lille Actu)

200 g de déchets en six mois

Sur sa terrasse, un chemin de fleurs colorées nous emmène vers le lombricomposteur, mis à disposition par la municipalité, dans le cadre du défi 100 familles. Un outil là encore bien exploité.

Andrée a de la suite dans les idées, d’abord parce que cette démarche zéro déchet lui permet de mieux vivre aujourd’hui (de 500 euros dépensés en trois semaines, elle est passée à 210 par mois). Une marge qui leur permet, avec Guy, de s’offrir des petits plaisirs et même d’épargner pour leur petite-fille. Niveau déchets, elle se targue de « ne plus avoir de poubelle ». Seul un ancien sachet de croquettes est rempli dans sa cuisine. Ce sac pesant 200 g est l’équivalent de … six mois de déchets !

« Le zéro déchet, c’est 100 % de bonheur ! Il ne faut pas croire que l’on est frustré avec le zéro déchet, on apprend juste à consommer différemment, seulement avec ce dont on a besoin », résume cette ambassadrice à qui il ne suffit que de quelques minutes dans un trajet en taxi pour convaincre son chauffeur de s’y mettre, selon la légende.

Lire aussi : Zéro déchet : ils ont inventé un système pour vendre la bière en vrac

Amandine VachezLille Actu

Génial, non ?

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